
Personne n’a voté pour ça
Avant toute chose, personne n’a voté pour ce gouvernement de la honte. Personne.
L’an dernier, Emmanuel Macron décidait de dissoudre l’Assemblée nationale après une défaite cinglante de son propre camp aux élections européennes. Quelques semaines plus tard, les Français infligeaient à son camp une seconde défaite cinglante et plaçaient – contrairement à ce que tous les sondages annonçaient – le Nouveau Front Populaire en tête.
Le Président aurait alors pu respecter les institutions et nommer une ou un Premier ministre issu du des rangs du NFP. Charge à elle ou à lui de trouver des majorités à l’Assemblée nationale pour faire adopter des textes. La démocratie parlementaire en somme.
Au lieu de cela, nous avons assisté à une confiscation ; une confiscation des pouvoirs par un clan, celui du Président, prêt à toutes les compromissions, y compris avec l’extrême droite contre laquelle les citoyens se sont massivement déplacés aux urnes. La semaine dernière encore, plusieurs postes importants à l’Assemblée ont été attribués aux macronistes et au Rassemblement national qui avaient négocié ensemble de voter les uns pour les autres. Tout ceci est évidemment inacceptable : on nous avait promis le barrage républicain ; on a eu un rencard discret entre amis. On aimerait que les journalistes politiques en fassent état sur les plateaux. Pas sûre qu’il soit si simple pour le RN de continuer de se prétendre antisystème si tel était le cas.
Les plateaux télé, parlons-en.
Le soir de l’annonce du nouveau gouvernement était particulièrement édifiant de ce point de vue : “la société civile est au cœur de ce nouveau gouvernement” a-t-on pu entendre sur le plateau de BFMTV. Or tous les ministres d’État, ceux qui pèsent le plus dans un gouvernement, ceux qui gèrent les sujets dits “régaliens” (armée, police, justice, affaires étrangères) sont toujours occupés par les mêmes : des macronistes et des LR (ces derniers ayant – oseraient-ils le rappeler ? – 50 députés à l’Assemblée, soit à peine 8 % des sièges, mais visiblement, ça suffit pour gouverner un pays…). A la veille des négociations budgétaires, aucun non plus pour dénoncer l’arrivée de Roland Lescure, macroniste de la 1ère heure, libéral convaincu, au ministère de l’Économie. La définition même de la folie, c’est de faire toujours la même chose en espérant un résultat différent.
Côté gauche, personne pour mentionner non plus la présence surprenante de M. Panifous, jusqu’ici président d’un groupe parlementaire composite peu connu des Français mais surtout issu des rangs du PS, un proche de Carole Delga, à la tête d’une dissidence interne. C’est un débauchage sans lendemain d’une macronie désespérée de s’acheter quelques voix supplémentaires en cas de censure.
À part irriter la droite qui vient d’annoncer qu’elle exclura tous ses membres qui ont accepté d’entrer au gouvernement, on ne voit pas bien ce que cherche le Président avec cette nouvelle proposition désespérante. Tout le personnel politique est entaché par ce spectacle grotesque, et si peu de voix s’élèvent pour demander le respect des urnes. Personne ne peut en sortir vainqueur.
Alors oui, nous censurerons. Encore.
Parce que le pays mérite mieux que ce mauvais vaudeville.
Nous n’avons pas peur des urnes et nous y retournerons si nécessaire, puisque le roi Macron ne semble pas vouloir partir malgré les défaites électorales successives. Nous ne pouvons laisser faire un gouvernement minoritaire imposer ses idées et sa dernière saignée budgétaire comme si de rien n’était.
Le Premier ministre s’achète du temps et le vote des socialistes avec la promesse d’une suspension de la réforme des retraites. En réalité, c’est l’abrogation de la réforme des retraites que nous attendions, et cette abrogation est un dû au peuple qui s’est mobilisé pendant des semaines dans la rue, pas une miette que l’on jette au débat parlementaire pour sauver sa peau.
Cette bataille, nous la menons bien sûr pour nos idées ; pour la justice fiscale, pour l’hôpital, pour l’école, pour les gamins qui dorment dehors, pour la Sécurité sociale et pour nos droits. Mais nous la menons aussi pour le respect des urnes, pour la démocratie en France qui chaque jour se fragilise par des décisions dangereuses menées par un gouvernement hors-sol, qui n’a plus qu’un objectif : se maintenir au pouvoir à tout prix, et à n’importe quel prix, y compris celui d’une alliance avec l’extrême droite.
Personne n’a voté pour avoir un gouvernement Lecornu II, ni un gouvernement Lecornu I. Cette mascarade est vouée à l’échec. La crise qui est née du mépris des urnes ne pourra être résolue qu’en retournant aux urnes. Au Président de l’entendre.