Il fait froid, si froid,
cette semaine.
Aujourd’hui, maraude avec l’association La Cloche à Lyon 7e.
On rencontre les personnes qui vivent dehors, on leur propose un café, on échange.
Il fait froid, si froid, cette semaine.
Plus on marche, plus le froid mord notre corps. Et plus on se dit que nous, on est bien équipée, que nous, on n’y reste que quelques heures, dehors. Pas toute la nuit, pas dans ces températures là. Et pourtant, la préfecture refuse de déclencher le plan grand froid.
Une rencontre marquante : celle de S. Il connaît le quartier comme sa poche. Tout en élégance et en franchise, il nous raconte ces deux années dans la rue d’à côté, son aventure avec tel collectif, la bataille pour obtenir une adresse postale pour pouvoir commencer ses démarches. Demain, c’est son anniversaire. Hier, il pensait à sa mère, au cadeau de la vie qu’elle lui a fait. Il nous dit que la seule chose importante à faire dans la vie, c’est « véhiculer l’amour ». Depuis quelques temps, il dort au chaud, à l’abri. Ça n’est pas un abri à lui, mais ça n’est pas la rue. Et c’est déjà ça.
Il nous dit aussi que sur cette terre, tu arrives tout nu, et tu repartiras tout nu, que tout ça il l’a appris avec la sagesse de la rue.
Pendant des mois nous avons milité avec les associations, les parlementaires, les citoyens et citoyennes engagées pour obtenir 10 000 places d’hébergement d’urgence supplémentaires. Le gouvernement, qui nous avait répondu « ça coûte trop cher » en balayant nos amendements avec le 49.3, a finalement débloqué des fonds.
Ils ont attendu qu’il neige pour agir.
Le gouvernement se rachète une conscience en fonction du thermomètre, et nous, on attend toujours l’ouverture des places pour mettre à l’abri les enfants qui dorment dehors dans ce pays.